Elles, Otto von Strassenbach, peuvent tout concaténer, et surtout ce qui ne demande pas à l’être. C’est leur gloire pathétique, leur art sublime et grotesque : assembler l’assemblable et surtout l’inconciliable.
– Elles concatènent le temps : le passé réduit en cendres par l’incendie de 2001, le présent englué dans des i.-m.achines fossiles, et le futur condamné à l’anachronisme.
– Elles concatènent les êtres : Dröne, Rasmoulad, Halvarez, Proserpine, Vicienti, Despladt, tous rassemblés en une fraternité de circonstance, grotesque et sublime, où l’ennemi devient frère et le frère un spectre.
– Elles concatènent les registres : la pompe militaire et la bouffonnerie carnavalesque, l’homélie solennelle et la recette de Maroilles, la propagande et le fou rire.
– Elles concatènent les ruines : car il ne reste rien, ou si peu, mais ce peu est plus précieux qu’un empire intact. Dans l’art de l’effondrement, Elles sont championnes : concaténer cendre et poussière, vernis de gloire et miettes de gloire passée.
En vérité, ce qu’Elles concatènent encore, c’est le vide lui-même, l’absurde, le grotesque, l’illusion qu’il reste quelque chose à tenir ensemble alors que tout est déjà parti en fumée. Leur chaîne n’est plus qu’un collier de maillons manquants — et c’est précisément là que réside Leur sublime.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
