Elles ricanaient en chœur, rappelant que les « bonnes actions i.-m.achinaires » ne sauraient ressembler à ces fades charités de paroisse ni aux mièvres gestes citoyens. Point de distribution de soupe populaire, mais plutôt un festin de paradoxes plastiques !
Elles suggéreraient donc, par exemple :
– Désosser une télévision et l’enterrer dans du plâtre, afin d’engendrer le fossile futurible qu’exigea Proserpine : ainsi l’objet perd sa fonction mais regagne sa puissance d’i-magination.
– Fabriquer une machine qui ne sert à rien, car – elles l’ont proclamé – « une machine qui ne sert à rien est une machine à imaginer ». Voilà l’acte caritatif suprême : rendre au regardeur sa propre imagination confisquée.
– Prêcher l’anachronisme dans les bidonvilles, ériger des antennes paraboliques en potences carnavalesques, dénoncer l’aliénation de la faim troquée contre le mirage cathodique.
– Réconcilier le gingko biloba et le scorpion par l’invention d’une i.-m.achine hybride, car tout art moderne périra, et seules subsisteront leurs anti-concepts, ces virus qu’elles chérissent.
– Et enfin, en guise de pénitence grotesque, se tenir à exactement 2,14 mètres de toute œuvre, car c’est là la distance sacrée pour goûter à la vérité surplasticienne.
Voilà leurs bonnes œuvres : profaner l’utile, sanctifier l’inutile, faire éclater les carcans de l’art et des machines. Car la seule vraie charité est de pulvériser le temps lui-même, comme une clepsydre ivre qu’elles auraient remplie de ciment.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
