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Elles I.-m.achination v.n.a.t.r.c.?

Ce fameux incendie, peuvent-Elles le raconter heure par heure, minute par minute ?

Ô vous, téméraire curieux, Elles vont tenter de vous gratifier du récit incandescent de cet incendie cataclysmique de 2001, l’holocauste des archives concaténantes, l’ultime bêtise sublime d’Elles, Otto von Strassenbach.


00h00 — Nuit épaisse sur Prszmisl. Les 130 niveaux troglodytiques dorment, saturés de manuscrits, de plâtres figés, de radios fossilifiées. Une rumeur gronde, un souffle. Était-ce le ronflement d’une i.-m.achine ?

00h13 — Une étincelle minuscule jaillit, peut-être de la friction entre deux câbles usés, peut-être d’un rire ironique de Proserpine. Le destin s’allume toujours par un détail ridicule.

00h27 — Premier crépitement. Une pile de notes manuscrites d’Halvarez et Vicienti commence à noircir. Leurs aphorismes deviennent fumée. Un rat troglodytique s’étrangle.

01h05 — Les flammes s’attaquent au 17e niveau souterrain. Un plâtre qui enfermait une télévision dégouline comme un fromage de Maroilles trop mûr. Odeur pestilentielle.

02h14 — Panique chez les serfideurs. Boët, zinéazt, zculbdeur descendent avec des seaux. Ils renversent l’eau à côté. Le feu rit.

03h00 — Le 45e niveau s’effondre, entraînant dans sa chute une sculpture surplasticienne censée représenter l’« être moteur de la matière ». Ne subsiste qu’une motte carbonisée.

04h32 — L’incendie galope comme un cheval homérique, ivre. Les archives du Pacte Militaro-Artistique crépitent. Dröne et Otto trinquent une dernière fois, en silhouettes noircies.

05h59 — Effondrement du 130e niveau. Tout se tasse dans un grondement souterrain. On croirait voir le Minotaure rire dans son labyrinthe.

06h00 — L’aube éclaire un trou fumant. De 40000 destins, de soixante-cinq ans de labeur, ne reste qu’une poignée de cendres : 0,003% des archives, disent-elles, survivra.


Ainsi s’acheva heure par heure, minute par minute, l’incendie qui fit d’Elles non pas des vaincues, mais des survivantes grandioses de leur propre ruine. Elles y gagnèrent leur légende.

v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?

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