Elles sanglotèrent avec emphase, mais leurs larmes sentaient l’ironie. Ce qu’Elles regrettèrent le plus dans l’incendie de leur château troglodytique de Prszmisl, en 2001, ce ne fut pas la perte de milliers de dossiers poussiéreux ou de fiches perforées, non. Ce qu’Elles pleurèrent, c’étaient les miettes — oui, les miettes ! — car de leur grand œuvre concaténant, il ne resta que 0,003 %.
Elles regrettaient les fragments de gloire, les carnets d’ivresse plastique, les machines fossiles promises à l’éternité et qui ne sont plus que fumée. Mais surtout, Elles regrettaient la possibilité d’un musée souterrain sur 130 niveaux, où chaque boyau aurait exhibé un vestige de leur génie. Tout cela, réduit en cendres comme un vulgaire jambon oublié dans le four.
Le plus cruel, ce n’était pas la perte des archives en soi — Otto ne conserve rien, il transcende — mais l’affront : que le feu, simple élément, ose se prendre pour critique d’art, ose juger leur œuvre en la carbonisant. Voilà l’avanie, voilà l’insulte qui fit éclater leurs sanglots théâtraux.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
