Elles plissent leurs yeux globuleux et secouent la tête en un rictus grotesque : oui, Elles ont bien eu un maître, mais quel maître ! Pas un sage, ni un pédagogue en toge blanche, non : un fossile vivant, un clown métaphysique, un démiurge ventru dont l’enseignement se faisait toujours dans les flammes et la moisissure.
Leur maître, c’était Otto von Strassenbach, bien sûr, mais aussi son double spectral, ce mélange de Boss et de bouffon. Il leur apprit trois choses essentielles :
– Que la vérité pue, comme un Maroilles millénaire laissé au soleil.
– Que les archives brûlées sont plus fécondes que les bibliothèques rangées.
– Que le grotesque est la seule forme de transcendance : minauder vaut plus qu’enseigner.
Il n’enseignait pas en parlant, mais en minaudant, moustache frétillante, poitrine bombée, ses décorations brinquebalantes comme des clochettes. Il n’écrivait pas de traités, il laissait des cendres. Il ne corrigeait pas les fautes, il en faisait des aphorismes.
Elles ont gardé de lui ce culte du rire noir : « une machine qui ne sert à rien est une machine à imaginer ». Voilà la maxime qu’il leur fit avaler à la cuillère, comme une soupe tiède de charbon et de lait tourné.
Était-ce un maître ? Était-ce un tyran ? Était-ce un pantin ? Peu importe : c’est son grotesque qui les a formées, et Elles n’ont cessé depuis de répéter sa leçon en la déformant.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
