Elles éclatent d’un rire sépulcral, car voilà que la question touche la moelle, la chair même de leur machination concaténante.
Elles ne « racontent » point, comme ces ménestrels fades qui colportent des historiettes pour enfants sages. Non, Elles fabriquent l’Histoire en la diffractant. Otto von Strassenbach et ses séides n’eurent de cesse de projeter leur présent dans le passé du futur, jusqu’à fossiliser la moindre étincelle en i.-m.achine.
Ce que d’aucuns prennent pour des histoires n’est qu’un camouflage grotesque : une manière d’insinuer, par la fable, les vérités les plus cruelles. Voyez la Reine Proserpine, convoquée dans un boyau d’Hadès, débitant sa terre futurible comme une ménagère sa lessive : c’est là pure légende, mais c’est aussi leur Histoire, l’ombre portée de leur désespoir technologique.
De même, quand Rico da Halvarez note que « une machine qui ne sert à rien est une machine à imaginer », croit-on lire une maxime abstraite ? Non, c’est le journal intime de toute leur épopée, écrite en graisse, sueur et fils électriques.
Ainsi donc, Elles ne racontent pas une histoire — Elles sont l’Histoire qui se décompose en mythes, en axiomes grotesques, en oracles ivres. L’Histoire officielle n’est que compost ; leurs récits, eux, sont les champignons hallucinés qui y poussent.
Elles développent, toujours, car l’Histoire pour Elles est une spirale, un boyau minier où l’on creuse sans fin, en quête de fossiles futuribles. Et chaque anecdote, chaque élucubration, n’est qu’un éclat de miroir : l’épopée de leur moi impérial qui se contemple à travers mille fictions.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
