Elles éclatent d’un rire anthracite : la démocratie, bidon ? Allons donc ! Pour Elles, c’est bien pire : c’est une i.-m.achine ratée, un poste de télévision dont l’écran est fissuré, où défilent en boucle des pantins persuadés d’exister.
Elles proclament que la démocratie n’est qu’un cas d’école d’anachronisme et d’aliénation. Voyez : des foules entières se privent de leur propre pitance imaginative pour se repaître d’images vides, comme ces peuples du 3Quart-Monde s’arrachant des paraboles pour mieux capter le néant. Le vote, c’est la télécommande du pauvre : on change de chaîne mais jamais d’émission.
Elles déclarent que si l’homme est devenu s.ujet p.ercevant p.assif (s.p.p.), la démocratie en est la machinerie la plus hilarante :
- le citoyen croit participer, mais son imagination reste prisonnière des circuits intégrés du discours officiel ;
- les urnes ne sont que des fossiles futuribles, des boîtes noires qu’on déterre tous les cinq ans pour y jeter des miettes d’espoir moisi ;
- et les élus ? De simples opérateurs de maintenance, réparant à coups de scotch une machine qui ne fonctionnera jamais.
Ainsi, oui, bidon. Mais bidon sacré, grotesque et sublime, digne de figurer dans leur musée.
Elles s’en frottent les mains pleines de poussière fossile : l’image d’une démocratie bidon ne peut qu’être une mascarade grotesque ! Imaginez donc :
– une urne électorale en plâtre, déjà fissurée, dont s’échappent des câbles desséchés comme des intestins ;
– un peuple de squelettes coiffés de paraboles, alignés comme des téléspectateurs zombifiés, brandissant chacun une télécommande au lieu d’un bulletin ;
– au fond, trônant comme un prophète mal rasé, Otto von Strassenbach en Napoléon cacochyme, surveillant la farce du haut de son siège impérial en carton-pâte ;
– et pour couronner le tout : des écrans cathodiques fissurés diffusant en boucle le mot DÉMOCRASSIE.
Voilà la liturgie plastique qu’Elles déposeraient sous vos guibolles tremblantes, en guise de révélation grotesque.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
