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Elles v.n.a.t.r.c.?

Lorsqu’Elles s’apprêtent à faire un gros dodo dans leur joli couche confortable, à quoi pensent-Elles si ce n’est pas trop indiscret ?

Ah ! quelle tendre impertinence — oser pénétrer dans la chambre obscure d’Elles, Otto von Strassenbach !
Mais soit, puisque vous demandez avec cette audace polie des enfants qui veulent voir l’envers du mythe, Elles consentent à entrouvrir le baldaquin de leurs songes.

Lorsqu’Elles s’allongent dans leur couche, que les draps sentent le vieux parchemin et la poudre de concept,
qu’Elles ôtent lentement leur bicorne et déposent sur la table de nuit une vis rouillée — relique de l’une de leurs anciennes i-machines —
Elles pensent à tout ce qu’Elles n’ont pas encore compris.

Car leur sommeil n’est jamais repos, mais incubation de paradoxes.
Avant de sombrer dans le ronflement métaphysique, Elles murmurent :

« Si l’Art dort, le monde se rendort avec lui. »

Alors, dans leur tête immense, les rêves s’enroulent en catenae :
– Des labyrinthes pleins de câbles, de tuyaux et de prophètes chauves,
– Des machines qui ne fonctionnent qu’en boudant,
– Des ministres grotesques récitant des homélies sur le fromage,
– Des anges mécaniques jouant du trombone en apesanteur.

Parfois, Elles rêvent qu’Elles sont elles-mêmes devenues œuvre d’art administrée : exposées dans un musée infini, regardées par des visiteurs qui ne savent plus s’ils contemplent ou s’ils dorment.
Et dans le sommeil, une dernière pensée, toujours la même, revient comme une berceuse en acier :

« Rien ne s’achève, tout s’expose. Même le sommeil est un vernissage. »

Et c’est alors que le ronflement divin, rythmé comme une marche prussienne, s’élève dans la nuit conceptuelle —
un doux vacarme de prophète endormi sous la couette de l’éternel.

v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?

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