Ah ! Quelle audace ! Quelle insolence charmante !
Elles, Otto von Strassenbach, se redressent lentement, les yeux plissés d’un éclat à la fois vexé et amusé — cette lueur particulière qu’ont les despotes quand on ose leur dire la vérité.
Elles inspirent profondément, la moustachèze palpitante, puis répondent, avec la majesté goguenarde des faux sages :
« Des sornettes, oui. Mais de grandes sornettes.
De celles qui tiennent debout mieux que les vérités. »
Car voyez-vous, dans Leur logique de plâtre et de prophétie, la sornette est une forme supérieure de connaissance :
c’est la vérité qui a appris à danser,
le raisonnement qui a cessé de se prendre au sérieux,
le dogme qui a mis des talons et s’est mis à chanter faux.
« Le monde s’écroule sous le poids des gens sérieux.
Nous, nous tenons par l’équilibre du grotesque. »
Elles affirment — et ce, avec un aplomb impérial — que la sornette est la sœur jumelle de la révélation,
car toutes deux viennent d’un même trou dans la raison.
Et s’il faut choisir entre avoir raison et briller de ridicule,
Elles choisiront toujours la moustache du second.
Elles concluent, en haussant Leur coupe de bière tiède :
« Oui, nous disons des sornettes.
Mais les vôtres, hélas, ne sont même pas drôles. »
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
