Elles sourient de travers, leurs oreilles percées non de simples bijoux, mais de microprocesseurs déglingués, de puces grillées serties comme des diamants de rebut. Oui, elles ont la puce à l’oreille, mais pas celle des amants soupçonneux : plutôt celle des machines défuntes, qui bourdonne, crépite et leur susurre en morse des prophéties absurdes.
Cette puce-là ne transmet pas de données, elle ronge. Elle sème dans leur tympan des bribes de phrases tronquées : ANACHRONISME… ALIÉNATION… I.-M.ACHINATION…. Et elles en rient, car ce parasite électronique est devenu leur muse favorite.
Quand elles tendent l’oreille, ce n’est pas pour écouter les hommes, mais les gémissements des téléviseurs fossiles, les soupirs des antennes rouillées, les cris stridents des disques durs agonisants. Leur oreille est un terril, pleine de galeries sonores, de chuintements de ventilateurs et de battements de scorpions pétrifiés.
Ainsi, oui : elles ont la puce à l’oreille. Mais c’est une puce fossile, coincée là depuis des millions d’années, qui les gratte, les obsède, et les fait régner comme despotes de la démence machinique.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
