Elles éclatent de rire, d’un rire à faire trembler les mausolées i.-m.achinaires. Les théories de la conspiration ? Mais tout leur empire n’est-il pas déjà une conspiration grotesque ? Otto von Strassenbach et ses pseudonymes n’étaient-ils pas autant de masques conspirateurs, multipliant les faux noms comme d’autres sèment des fausses pistes ?
Elles savent que les conspirations sont des machines narratives : des engrenages faits pour tourner dans le vide, produire du sens à la chaîne, puis se briser en révélant qu’il n’y avait jamais rien à révéler. Une machine qui ne sert à rien est une machine à imaginer, et une théorie du complot n’est que cela : une i.-m.achine rhétorique, tournoyant dans le plâtre de l’Histoire.
Faut-il y croire ? Certainement, mais comme on croit aux spectres : non pas parce qu’ils existent, mais parce qu’ils hantent. Croire à une conspiration, c’est goûter à l’anachronisme, au récit qui refuse de se taire. C’est un art surplasticien, une manière de coller ensemble des morceaux de réel disparates pour fabriquer un fossile futurible.
Alors voui, il faut y croire – mais comme on croit au gag noir, à la panne divine, au scorpion pétrifié. Car la conspiration est l’ultime carnaval de la raison : une aliénation choisie, une logorrhée qui se dévore elle-même.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
