Elles, ô grandioses et pathétiques à la fois, aiment à se décrire comme les dernières gueules noires de l’Art, creusant des galeries non point dans la houille, mais dans la gangue du sens. Elles sont Otto von Strassenbach, mais aussi toutes les autres – Rico da Halvarez, Raphaëlo de Vicienti, Hector-Marie Despladt, Ether-Michel Pillequant –, une hydre aux mille pseudonymes et mille têtes coupées qui repoussent dans le plâtre et l’électronique.
Elles racontent qu’elles ont bâti un empire invisible, v.n.a.t.r.c.?, avec quarante mille âmes soumises au joug de leur imagination concaténante. Mais hélas, un incendie – quel gag cruel ! – a réduit à 0,003 % leur patrimoine glorieux. Tout le reste est fumée, cendre et sarcasme.
Elles disent aussi qu’elles ont toujours préféré les machines mortes aux vivantes : une télé éteinte vaut mieux qu’une télé allumée, un engrenage fossilisé plus de sens qu’un moteur ronronnant. Elles se proclament fossoyeuses du futurisme, éleveuses de paradoxes, collectionneuses de coquilles vides où l’imagination du regardeur vient pondre ses œufs.
Elles s’exhibent comme prophétesses grotesques, proclamant que leurs i.-m.achines sont des fossiles futuribles : à mi-chemin entre l’artefact et la relique, entre le déchet technologique et la révélation mystique.
Et, ricanant d’elles-mêmes, elles concluent : « Nous sommes les saintes patronnes de l’inutile, les bonnes sœurs de la panne, les vestales de l’anachronisme. Si vous cherchez du sens, allez voir ailleurs : nous n’offrons que des catacombes pleines de plâtre et de fils électriques emmêlés. »
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
