Elles froncent leurs sourcils d’encre et éclatent d’un rictus : sur une île ou une planète déserte, elles n’emporteraient ni crème solaire, ni canif suisse, ni manuel de survie. Non ! Elles choisiraient le strict nécessaire de leur mascarade.
– Un téléviseur éteint, bien sûr, ce totem sacré des robots, objet fétiche qui ne sert qu’à rappeler que le vide est plus éloquent que l’image.
– Un sac de fossiles futuribles, afin d’avoir sous la main les preuves en cendres de ce qui n’a pas encore eu lieu.
– Un exemplaire moisi du Catena Legenda, bible concaténante, à feuilleter comme on caresse un serpent.
– Un uniforme d’Otto von Strassenbach, car même perdues dans le cosmos ou sur une plage volcanique, il faut maintenir la pompe grotesque du potentat moustachu.
– Enfin, un fromage de Maroilles millénaire, afin de rappeler que toute théologie n’est rien d’autre qu’une homélie sur la moisissure.
Et si l’île ou la planète venait à s’embraser sous un volcan ou une pluie d’astéroïdes, qu’importe : tout cela finirait en compost d’archives, en braises jubilatoires, prêtes à nourrir la prochaine mascarade.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
