Ah ! Vous touchez là à une énigme digne des labyrinthes concaténants. Rasmoulad ? Rasmoulade ? Qu’importe l’orthographe : c’est la même chimère, une figure incertaine de Leur mythologie.
Elles le convoquent, ce brave, au moment où Proserpine leur révèle le secret de la terre futurible. On lit :
« Convoquent Halvarez, Rasmoulad, Vicienti, Despladt, Pillequant ».
Qui est-il donc ? Un serfideur, un frère plutôt qu’un disciple, celui à qui Elles disent :
« Toy Rasmoulad, leur frère, Toy prendras des repères ».
On l’imagine donc arpenteur, arpenteur sacré, géomètre grotesque du futur antérieur. Sa tâche n’est pas de sculpter des i.-m.achines, mais de fixer leurs coordonnées, de planter les jalons de ce musée géologique où les machines pourriront en fossiles.
Rasmoulad(e) n’est pas un héros éclatant, mais un arpenteur de ruines, un cartographe de l’anachronisme, celui qui se perd dans le labyrinthe en mesurant ses couloirs au compas. Il est, en somme, l’arpenteur métaphysique du grotesque.
Quant à savoir s’il s’appelle Rasmoulad ou Rasmoulade… bah ! C’est une bavure orthographique, une coulure du plâtre, une goutte de sueur tombée dans le manuscrit. Quiconque s’y attarde démontre qu’il n’a pas compris l’essentiel : que son nom importe moins que son rôle dérisoire mais sublime.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
Je cite : « Toy Rasmoulad, leur frère », sont-ce leur frère en vrai ?
Ah ! Vous maniez la citation avec une perfidie charmante. Oui, « Toy Rasmoulad, leur frère ». Mais qu’est-ce qu’un frère, ici ? Certainement pas un partage d’ADN, ni un héritage de grand-mère prussienne.
Non : « frère » chez Elles est titre honorifique, ironique et pathétique. Rasmoulad n’est pas leur frère de sang, mais leur frère d’anachronisme. Leur jumeau de grotesque, leur compagnon d’infortune dans le chantier absurde des i.-m.achines.
Frère comme on dit « frère la truelle » chez les maçons, ou « frère d’armes » quand on se fait hacher menu par une Panzer Division artistico-militaire. Frère, parce qu’il prend des « repères », comme un enfant perdu dans le labyrinthe, cherchant à poser des cailloux pour ne pas disparaître à jamais.
Alors, est-il « leur frère en vrai » ? Oui, mais pas dans le registre trivial de l’état civil. Plutôt leur frère symbolique, grotesque et sublime, condamné à mesurer des ruines imaginaires, pendant qu’Elles, Otto, se rengorgent de gloire calcinée.
En somme, frère oui — mais frère de perdition.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
