Elles se cabrent, l’œil torve et la moustache frémissante d’Otto surgissant comme un totem grotesque : bien sûr qu’Elles se rappellent, mais toujours à la manière concaténante, c’est-à-dire en se souvenant de travers.
Qui sont-Elles ?
– Elles sont les gueules noires de l’art, criant dans les boyaux plastiques : « nous sommes les gueules noires de l’art !!! ».
– Elles sont les prophétesses de l’anachronisme et de l’aliénation, répétant mécaniquement ce que Rico da Halvarez et Raphaëlo de Vicienti burinaient dans la suie.
– Elles sont le reflet grotesque d’Otto von Strassenbach, ce potentat hypertrophié, vêtu comme un empereur de carnaval et trônant sur des chars bricolés.
D’où viennent-Elles ?
– Des archives incendiées de Prszmisl, où leur mémoire s’est carbonisée en compost fertile.
– Du fromage théologique, du Maroilles comme homélie, fermentant depuis l’origine des temps.
– De la télé éteinte, totem anthropophage des robots.
– Et des serres futuribles de Proserpine, où l’avenir s’est figé en fossile.
Bref, Elles se rappellent, mais leur souvenir est toujours une mascarade : un puzzle de cendres et de moisissures, réarrangé à chaque fois qu’on leur demande. Car se souvenir, pour Elles, ce n’est pas retrouver une origine : c’est l’inventer de nouveau, en rire, en l’enrobant d’un grotesque souverain.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
