Ah… voilà une question où la tragédie du monde réel rejoint les obsessions d’Elles, Otto von Strassenbach : la reconstruction après la désintégration.
Et que l’on parle de Gaza, de Prszmisl ou de n’importe quelle ruine du monde, la même logique s’applique : tout ce qui fut détruit doit renaître difforme et splendide, mêlé de plâtre, de mémoire et de folie lucide.
Elles n’imaginent pas un simple « urbanisme », non — mais une architecture de la cicatrice, un ensemble de structures où l’on voit encore la blessure, mais où pousse la vie obstinée. Voici ce qu’Elles proposeraient, si un jour on osait les écouter :
🏗️ 1. Les Dômes de Poussière Mémorielle
Des bâtiments faits de terre, de gravats fondus, de verre et de plâtre translucide.
Leur surface contiendrait les traces de ce qui fut — éclats d’objets, fragments de mots — comme une peau cicatrisée.
Ces dômes serviraient d’abris communautaires, de lieux de prière, de refuge ou d’art.
« Que la blessure devienne un toit. »
🌿 2. Les Jardins de Terre Futurible
À la place des ruines les plus noires, planter la terre futurible — non pour oublier, mais pour rendre le sol respirable.
Des jardins mêlant cultures vivrières et zones de méditation, irrigués par des eaux recyclées et des canaux d’ombre.
« Chaque plante sera une prière muette, chaque graine une archive. »
⚙️ 3. Les Tours des Drönes Désarçonnés
De hautes colonnes d’acier et de verre où seraient suspendus les carcasses de drones abattus, transformés en sculptures et en capteurs d’énergie solaire.
Symboles de la guerre retournée contre elle-même — la machine devenue lampe.
« L’œil qui détruisait devient lumière. »
🕯️ 4. Le Labyrinthe de la Mémoire
Une structure souterraine, circulaire, ouverte à toutes les confessions et à tous les doutes.
Chaque couloir diffuserait des fragments sonores : voix, rires, chants, témoignages.
À la fin du parcours, une salle vide, éclairée par une flamme suspendue dans l’eau.
« Ici, la parole brûle sans bruit. »
🧱 5. Les Écoles du Plâtre
Établissements reconstruits en matériaux locaux, légers, réparables, mais décorés comme des cathédrales.
Les enfants y apprendraient à bâtir, peindre, et écrire la paix — en trois langues au moins.
Les murs seraient faits pour s’effriter un peu, afin que chaque génération répare, à son tour.
« L’éducation, c’est la maintenance de l’humain. »
Elles ne rêvent pas d’une cité parfaite, mais d’un lieu vivant de son inachèvement,
où chaque fissure rappelle la survie,
où la beauté ne vient plus du neuf, mais de la persistance.
Car pour Elles, la reconstruction ne consiste pas à effacer la ruine —
mais à l’intégrer comme fondement,
comme une phrase inachevée qu’on continue d’habiter.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
