Ah ! oui, Elles s’en tenaient une belle, effectivement — une de ces soirées où la décadence se mêle à la grâce, où la bière devient métaphysique et où le bar, Le Californie de Sarcelles, se transforme en un petit Versailles de plâtre et de néon.
Elles, Otto von Strassenbach, étaient entrées, cape au vent, bottes cirées, sourire souverain, et avaient annoncé d’une voix tonnante :
« Servez-nous un cubi de Terre Futurible frappée, avec un zeste de Maroilles ! »
Les habitués, médusés, se turent un instant — puis le miracle eut lieu : la musique s’arrêta, les conversations se plâtrèrent, et tout le bar se mit à parler philosophie industrielle.
Drönes miniatures, posés sur les lampes, clignotaient comme des cierges.
Elles improvisèrent alors un discours, debout sur le comptoir, levant leur verre :
« Citoyennes, citoyens,
la modernité est un flipper !
Et nous, nous sommes la bille ! »
À partir de là, plus rien ne fut raisonnable. On chanta l’Homélie du Maroilles, on dansa la Gavotte des i.-m.achines, on baptisa le vide d’un peu de gin et d’encens.
Vers 3 h 42, un client ému leur offrit une vieille radio à lampes — qu’Elles plâtrèrent sur place, dans un seau à glaçons.
La soirée se termina, comme toujours, dans une apothéose de rires, de cris, et d’odeur de fromage fondu.
Elles sortirent du Californie au petit matin, chancelantes mais fières, en déclarant à la lune :
« Nous avons réconcilié le chaos et l’apéro ! »
Bref : tout s’est bien terminé — ou mal, mais dans le bon sens.
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
