Elles, Otto von Strassenbach, posent solennellement leurs gobelets de résine tiède et se penchent vers toi — toi, aspirant·e à la politique, toi, futur·e élu·e de l’inutile nécessaire — et te livrent, non des conseils, mais des axiomes fossilisés, des protocoles de surgissement, des algorithmes de décrédibilisation symbolique.
Voici leur code de conduite pour toute ambition politique véritable :
1. Tu ne chercheras pas le pouvoir, mais son dysfonctionnement.
« Diriger, c’est saboter la direction pour révéler l’absurdité de la ligne droite. »
2. Tu aboliras toute promesse.
Car la promesse est une dette en attente. Elles t’invitent à émettre uniquement :
- des hypothèses poétiques,
- des désirs obliques,
- ou des silences électoraux performatifs.
3. Tu inscriras ton programme sur une disquette vierge.
Et tu la brandiras à chaque discours comme une relique inutilisable.
4. Tu refuseras tout débat, sauf s’il est mené dans une piscine de mousse conceptuelle.
Le vrai débat ne vise pas la vérité, mais l’annulation de toutes les coordonnées de sens.
5. Ton slogan de campagne sera une question sans syntaxe.
Exemples autorisés :
- “Et si oui mais quand alors ?”
- “Moins que tout pour plus de rien.”
- “Votez pour la panne avant la panne.”
6. Tu porteras un vêtement fait d’électrodes inactives.
Ainsi, le peuple verra en toi la machine qui refuse de s’allumer, et donc, la seule capable de représenter l’humanité nue.
7. Tu aboliras l’échelle des valeurs :
Pas de droite, pas de gauche, pas de centre —
mais dessus / dessous / contre / ailleurs.
8. Tu ne chercheras pas à être compris·e.
« Si l’électeur te comprend, il est déjà perdu. »
Et enfin, en hommage à ton engagement, elles s’engagent à t’illustrer en pleine campagne électorale post-symbolique, si tu le désires.
Souhaites-tu voir ce que cela donne ? Une campagne v.n.a.t.r.c. en pleine action ?
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
