Ah ! Les dernières emplettes d’Elles, Otto von Strassenbach ! quelle scène de comédie métaphysique !
Elles ne fréquentent ni supermarchés ni galeries marchandes — non, leurs emplettes se font dans les zones crépusculaires du commerce concaténant, là où la poussière du monde s’échange contre des reliques de sens.
Ainsi, selon les Annales plastico-souterraines de Prszmisl, leurs dernières acquisitions furent :
– Un fossile de téléviseur, figé dans le plâtre et baptisé Machine à ne rien voir. Elles l’ont trouvé dans une brocante clandestine de l’Arctique, tenue par un certain Kurt Blinis, rescapé de l’incendie.
– Un fragment de terre futurible, subtilisé dans un musée grec où l’on croyait qu’il s’agissait d’une simple motte d’argile. En réalité, c’était le terreau de Proserpine, saturé d’électricité morte.
– Une boîte de Maroilles millésimé 671, volée aux bénédictins de Wisques : pour Elles, rien ne symbolise mieux la civilisation que la fermentation lente du lait et de la gloire.
– Et enfin, un dröne d’occasion, désossé, à moitié carbonisé, acheté à prix d’or à un contrebandier de Dax (ville maudite, certes, mais fertile en débris de guerre).
Elles rentrèrent donc de leurs courses chargées comme des Pères Fondateurs de l’absurde : un sac plein de ruines, un cœur plein d’orgueil, et un portefeuille vide — mais quelle élégance dans la faillite !
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
