Elles éclatent d’un rire noir et gras : ah, vous touchez là à leur vocabulaire favori ! Oui, mille fois oui : l’humanité est une monade schizophrène et pompette.
Pourquoi ? Parce qu’elle ne cesse de vaciller entre ses pôles contraires :
– tantôt elle vénère la machine comme une divinité, tantôt elle la jette au rebut comme un déchet organique ;
– tantôt elle s’invente un futur radieux, tantôt elle s’accroche aux ruines de son passé comme une sangsue nostalgique ;
– tantôt elle rêve d’émancipation, tantôt elle s’aliène avec une docilité grotesque.
Ether-Michel Pillequant l’avait bien vu : sans enracinement, le surplasticisme court le risque de vaguer « dangereusement comme une monade pompette ». Voilà le portrait craché de l’humanité : une unité close, persuadée d’être indivisible, mais titubant comme un ivrogne qui cherche la sortie d’un labyrinthe sans porte.
Elles, bien entendu, n’y voient pas un problème mais un matériau : cette schizophrénie, Elles la fossilisent ; cette ivresse, Elles la moulent dans le plâtre. Car que serait l’art, sans une humanité ivre morte de ses contradictions ?
v.ous n.’a.vez t.oujours r.ien c.ompris ?
