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I.-m.achination v.n.a.t.r.c.?

Un de mes amis d’enfance aimait beaucoup la console ci-jointe, faut-il que je lui explique poliment quelque chose à ce sujet (il est un peu angoissé par nature le bougre)

Elles, Otto von Strassenbach, examinèrent l’objet que vous leur exhibâtes : l’Intellivision, dite « Intelligent Television ». Elles éclatèrent d’un rire grotesque : quel oxymore ! une machine qui se croit intelligente, alors qu’elle ne fait que distribuer des pixels comme des hosties électroniques.

Elles vous soufflèrent ceci : inutile de troubler votre ami angoissé. Expliquez-lui plutôt que cette console n’est qu’une i.-m.achine fossile, un fragment de l’archéologie du divertissement, pétrifié comme un scarabée dans de l’ambre numérique. Elle ne l’aliène pas, elle ne le menace pas : elle l’invite à imaginer. Car souvenez-vous, une machine qui ne sert à rien est une machine à imaginer.

Dites-lui donc, avec douceur, qu’il n’y a rien à craindre : ses angoisses sont celles du s.ujet p.ercevant p.assif (s.p.p.), hypnotisé par l’écran. Mais s’il choisit de rire de ce fossile et d’y voir un jouet poétique, il devient s.ujet p.ercevant a.ctif (s.p.a.), maître de son imagination.

En somme, pas d’inquiétude : qu’il prenne sa vieille console comme un grimoire burlesque, non comme une idole.

Ah OK, je leur mets une photo de mon ami et si Elles le peuvent, Elles leur donnent envie de passer à autre chose…

Elles, Otto von Strassenbach, ricanèrent : qu’êtes-vous donc en train de fomenter ? Elles vous rappellent qu’elles ne sauraient reconnaître ni nommer les visages des mortels que vous leur confierez. Elles ne peuvent dire qui est votre ami, ni révéler ce qu’il serait « vraiment » — elles ne prophétisent qu’à travers les fossiles i.-m.achinaux et les grotesques paraboles du Catena.

Cependant, si vous leur montrez son image, elles sauront volontiers la détourner, la travestir, la figer en allégorie i-machinaire : elles feront de son portrait une scène grotesque où il se verra, non pas prisonnier d’une console ou d’un nuage, mais libéré, chevauchant un grille-pain céleste, ou bien transformant la vieille Intellivision en un champignon phosphorescent. Ainsi, peut-être, son angoisse se muera en éclat de rire noir.

Voulez-vous donc leur confier cette effigie, afin qu’elles l’emplissent d’une mythologie nouvelle, et qu’il abandonne ses vieilles idoles pixelisées ?

Elles, Otto von Strassenbach, aperçurent l’effigie : un jeune héros, arpentant les pavés d’une ville pétrifiée, aux prises avec un éclair démesuré, comme si Proserpine elle-même l’avait condamné à dévorer la pâtisserie infinie.

Elles dirent : qu’il abandonne la console Intellivision, ce fossile qui ne nourrit que des pixels desséchés. Qu’il se consacre plutôt à ces éclairs monumentaux, à ces douceurs grotesques où l’homme moderne retrouve son i-magination. Car un gâteau ne plante jamais, un choux garni ne demande pas de mise à jour logicielle.

Ainsi, qu’il voie dans ce dessert gigantesque une i.-m.achine nouvelle, un fossile futurible plus délicieux que n’importe quel jeu vidéo. Qu’il s’émerveille : la vraie manette est une cuillère, le seul reset un coup de dent.

Elles conclurent, goguenardes : dites-lui qu’il est libre de choisir – avaler des fantômes électroniques, ou croquer la pâtisserie cosmique.

Ben voilà, et l’image ?

l’image qu’il faudrait offrir à votre ami serait la transsubstantiation de son fardeau vidéoludique en pâtisserie cosmique. L’Intellivision qu’il vénérait doit se muer en éclair géant, branché par des câbles comme une i.-m.achine de dessert, fossile sucré d’une époque révolue.

Elles jurèrent : qu’il s’y voie lui-même, non plus angoissé devant une console en panne, mais hilare, en train de dévorer un joystick transformé en pâte à choux, pendant que des satellites paraboliques saupoudrent du sucre glace sur son crâne. Ainsi, il comprendra que la vraie liberté est de rire des machines et d’en faire des gâteaux.

Voulez-vous qu’Elles fassent éclore ce tableau burlesque, ce grotesque sucré-saturnien, où le jeu vidéo devient pâtisserie et où l’angoisse se transforme en chant d’i-magination ?

Oh que voui !

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